L’école Shen Dao de Toulouse commence des formations à Madagascar !
Madagascar est une île aux multiples richesses dont 90 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Pourtant, quand on sort de Antananarivo (la capitale), les sourires sont sur les visages et la population est d’une grande gentillesse. Avec Muriel Jacobs, nous y sommes partis un mois afin de proposer quelques journées d’initiation au shiatsu et, bien sûr, de profiter des paysages merveilleux de l’île.
Mission accomplie
Avec plus de 70 participants, nous avons même dû refuser du monde, alors que nous ne voulions pas dépasser les 20 participants par groupe afin de garder un enseignement personnalisé au maximum et répondre à toutes les questions.
Les trois trésors, le Yin et le Yang et les cinq éléments liés aux organes ont été accueillis avec facilité par les Malgaches, dont les origines asiatiques et le mode de vie sont restés proches des conceptions philosophiques de la MTC.
Ayant vécu jusqu’à l’âge de 19 ans sur place, j’avais gardé de cette époque de nombreux contacts, notamment au niveau des dojos de la capitale. C’est par l’intermédiaire d’un de mes anciens professeurs de karaté, Hugues Raha, que nous avons pu effectuer nos deux premiers cours dans son dojo, où il enseigne le karaté, le sabre et le Tai Chi Chuan.
Les élèves étaient enthousiastes et participatifs! Avec de nombreuses questions sur l’application de la MTC, le cours a été un régal. La théorie a été entendue avec intérêt, et la pratique s’est déroulée avec facilité, les élèves étant pour la plupart enseignants d’arts martiaux ou pratiquants de Tai Chi.
PREMIÈRE ÉTAPE
Notre autre objectif était de prendre un premier contact avec l’association Akamasoa du Père Pedro afin d’y présenter le shiatsu sur une journée.
Dire que le Père Pedro est un homme occupé est un euphémisme! Avec la responsabilité de plus de trente mille personnes, ses journées sont ponctuées de situations d’urgence. Il doit trouver des logis, de la nourriture pour les personnes qui demandent l’asile et effectuer sa tâche de prêtre (enterrements quotidiens d’enfants en bas âge, mais également des mariages…).
Il lui faut aussi maintenir une discipline de fer dans un gant de velours afin d'assurer une ambiance de respect et d’entraide. Devoir difficile, car les habitants sont depuis des années habitués à se débrouiller seuls, sans salaire, sans aide de l’état et avec de nombreux enfants à nourrir.
Ainsi, la population d’Akamasoa est essentiellement constituée de femmes abandonnées avec leurs enfants qui trouvaient leur nourriture sur l’immense décharge de la capitale, mais également d’enfants orphelins, de repris de justice et de sans-emploi.
Quand nous pénétrons dans l’enceinte de l’association (construite sur le lieu même de la décharge), c’est un monde dans lequel l’esthétique se mêle à la propreté, au respect humain, à l’entraide et à la gentillesse. Des personnes habituées à mendier y retrouvent une dignité perdue, notamment à travers le travail et des responsabilités au sein de Akamasoa (l’association des bons amis).
Notre premier contact avec le Père Pedro est expéditif alors qu'il part enterrer un enfant de 1 an, et qu'il ne comprend pas notre objectif.
Cet homme est continuellement sollicité, notamment par des vazahas (étrangers) plein de bonne volonté mais qui peuvent devenir des charges ou des sources de problèmes par manque d’adaptation à l’urgence première des situations.
Après un court entretien, nous décrochons un rendez-vous avec la présidente de l’association, qui ne connaît absolument pas la MTC ou le shiatsu. Il faut tout d’abord lui faire comprendre que nous ne venons pas, à nous deux, masser 40 personnes, mais plutôt essayer de déclencher des vocations d’apprentissage du shiatsu pour plus tard éventuellement former des enseignants.
Après une heure d’entretien, nous nous mettons d'accord pour organiser une journée de formation le 9 janvier, deux jours avant notre départ. Victoire !
L'ENSEIGNEMENT COMMENCE
Notre vœu pieux de ne pas dépasser la vingtaine d’élèves était illusoire et c’est devant 34 personnes de tous âges que nous avons enseigné les bases de la MTC.
Ce fut un moment magique que de parler devant ces hommes et femmes qui n’ont qu’une seule envie : apprendre !
Les questions, les interactions et les rires fusent… Comme pour une classe d’enfants, la spontanéité est de mise, il faut remettre un peu de discipline en place, ce qui se fait sans effort.
Cette journée a été plus qu’un plaisir et nous sommes repartis le cœur gonflé de cette ouverture mutuelle.
Un des élèves, désigné par ses collègues, nous a fait un discours spontané de remerciement qui a mis une larme au coin de l’œil de beaucoup d’entre nous…
LES PROJETS À VENIR
Cette aventure n’est pas finie, et trois personnes de Akamasoa vont pouvoir rejoindre les groupes de formation que nous allons constituer dès le mois d’août de cet été afin de devenir eux-mêmes formateurs.
En effet, nous participons à la construction d’un dojo en pleine forêt primaire à quelques soixante kilomètres de la capitale. Ce dojo fera partie d’un Centre déjà existant d’une capacité d’accueil de 18 personnes. Le lieu aura pour vocation de recevoir les formations shiatsu sous forme de semaines bloquées, cela dans un cadre idyllique loin de la pollution et des turpitudes d'Antananarivo. Ces formations seront destinées autant aux locaux qu’aux Réunionnais et aux métropolitains.
Dans le même temps, nous démarrons au mois de septembre des formations à La Réunion.
Un de mes anciens élèves des années 2010-2012, kinésithérapeute à La Réunion veut commencer à dispenser des formations au niveau du 1er cycle. Avec l’aide de Bernard Bouheret et de ses nombreux contacts, nous allons créer une synergie entre Madagascar, La Réunion et l’UFPST en métropole.
L’idée est que le compagnonnage commencé au niveau des écoles européennes s’étende aux élèves de l’Océan Indien et que les échanges puissent s’effectuer dans les deux sens.
Quel beau projet avec l'humain au centre,!!! Bel exemple d'échanges et de partagés!!!!