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Olivier Monteils

Le Rythme et son importance dans la vie


Dans cet article fascinant, Olivier Monteils, musicien professionnel depuis 45 ans, nous plonge dans l'univers intemporel et universel du rythme, une composante fondamentale de l'existence humaine. De la cadence des marées à la pulsation du cœur humain, il explique comment le rythme, présent bien avant l'aube de l'humanité, façonne non seulement notre environnement naturel, mais aussi nos cultures, traditions, et même notre bien-être physique et spirituel. À travers un voyage captivant qui traverse continents et époques, Olivier révèle l'impact profond du rythme sur notre vie quotidienne et bien sûr, dans la pratique du Shiatsu, nous invitant à redécouvrir notre connexion interne avec le rythme universel.






Le rythme (du latin Rhythmus, ou du grec Rhuthmos ) signifie cadence. De tout temps, d’aussi loin que remonte la mémoire de l’humanité, le rythme n’a jamais cessé d’être. Il était déjà présent avant même que l’homme n’existe, et bien avant l’invention des instruments mélodiques dans toutes les civilisations. N’évoquons-nous pas le rythme des saisons, le rythme des marées, le rythme cardiaque, le rythme respiratoire, le rythme de travail, ou encore le rythme des pas, il n’y a pas de mouvement sans rythme. Nous pourrions trouver une multitude d’exemples ou le rythme est présent - y compris dans la grammaire - Il est présent dans tout l’univers aussi bien que dans nos vies journalières.


Il est une partie intégrante et naturelle, non seulement dans tout ce qui nous entoure, mais également dans nos actions propres, ou encore dans notre métabolisme biologique.   Il est ce qu’il y a de plus instinctif, tellurique, primaire et complexe à la fois. Le rythme se suffit à lui-même, alors qu’une mélodie ne peut exister sans un rythme pour la structurer.


Dans certaines civilisations, comme sur le continent Africain, le continent Indien ou encore au proche orient ou en Amérique Latine, le rythme a toujours été, tantôt sacré, dans les coutumes et traditions ancestrales faisant appellent à la spiritualité, tantôt divertissant, et ceci sur d’innombrables systèmes de cadences binaires ou ternaires.


Parfois simples et parfois complexes, mais indéniablement riches dans leurs polyrythmies, selon les peuples et leurs ethnies, les rythmes peuvent être marqués à l’aide d’innombrables percussions à peaux de toutes formes et de tout matériaux ayant toutes, le plus souvent en commun, la forme d’un cercle.


À l’inverse, en occident, avec le développement des civilisations, la priorité a été donnée à la mélodie dans son ensemble et au développement des instruments en ce sens. Que l’on remonte à la musique du Moyen Âge, du baroque, ou bien la musique classique à l’époque du romantisme, la place du rythme a été en partie simplifiée, la tendance étant au développement plus important des instruments à cordes, des violons, des harpes, des bois, des cuivres ou encore des pianos pour ne citer qu’eux. 


Le rythme eut alors au sein de la culture occidentale et dans les mœurs ou les cérémonies, un rôle moins complexe. À ces époques où il y avait des musiciens et leurs chants dans les campagnes ou encore dans les grandes villes où se trouvait la noblesse d’alors où les classes sociales aisées, avaient accès aux salles de concerts, ou bien à l’opéra, notamment à la période du classicisme. Le rythme servait seulement à soutenir et à accentuer la cadence dans certaines compositions pour des orchestres philharmoniques ou symphoniques sur des pulsations à majorité binaire. 


À l’exception de certaines populations comme les Celtes, ayant un langage plus riche que la moyenne occidentale, rythmiquement plus orientée sur le ternaire, ce contre-exemple étant dû à des échanges commerciaux et culturels lors du commerce avec les romains aux siècles passés, qui ont donné une influence dite indo-européenne à la musique celtique.    Dans la civilisation celtique, sans accompagnement instrumental, les chants ont une fonction rythmique pour mener la danse, à l’époque leur musique se subdivise en trois catégories fondamentales : 

« celle qui endort, celle qui fait rire, et celle qui fait pleurer ou même parfois mourir » 

Le corps est directement connecté au rythme et son expression première en est la danse depuis des millénaires.


De nos jours, beaucoup de gens sont déconnectés de leur corps du fait d’une focalisation sur les technologies modernes faisant surtout appel au mental devant les écrans au détriment d’une stagnation du corps. En occident aujourd’hui, nous nous sommes totalement éloignés du rythme et de son rapport au corps, et nombre de personnes si on leur demande de ressentir le rythme en dansant, se trouve un peu gêné ou trouve cela même impudique.


Danser n’est pas forcément naturel en Europe, je ne parle évidemment pas des musiques dites actuelles ou le besoin de la masse est de pouvoir bouger ses jambes sur des cadences simplistes en se balançant d’un pied sur l’autre. 

 

Il est un fait que la culture rythmique entre un européen et par exemple un Africain, si l’on devait trouver une équivalence métaphorique, serait un peu comme comparer le niveau de lecture d’un enfant à l’école primaire à celui d’un universitaire, tant en occident nos connaissances rythmiques se sont amoindris au fil des siècles.


Il en va de même sur les mouvements du corps : en Europe, bien souvent nous dansons essentiellement en piétinant d’une façon monotone et sur du binaire, là où un Indien, un sud-américain ou un Africain bougeront leur corps, leur bassin, leurs bras et leurs jambes indépendamment les unes des autres avec souplesse sur des polyrythmies binaires et ternaires, parce qu' éduqués naturellement à ce rapport entre le rythme et le corps. La polyrythmie étant en musique, l’emploi simultané de deux ou plusieurs structures rythmiques différentes dans leur constitution.


Ce qui nous amène aux bienfaits du rythme sur notre corps et ses organes, et plus précisément le rythme ternaire. 

J’ai pu constater que les rythmes censés soigner les personnes en les faisant rentrer en transe, ou en amplifiant leurs émotions et leur spiritualité en Afrique ou en Inde sont souvent basés sur des cadences ternaires comme les Gnawas au Maroc ou bien le Stambali en Tunisie ou bien encore le rythme joyeux du Bhangra originaire du Penjab au nord-est de l’Inde. 


Or, il se trouve qu’en médecine chinoise, il existe 12 méridiens principaux divisés en 4 triplets, 3 yin et 3 yang pour la main, ainsi que 3 yin et 3 yang pour le pied, donc en tout 6 dans la main et six dans le pied. Notre cœur ne bat pas en binaire mais en ternaire, le cycle de travail des organes se compte sur 24 heures et les organes principaux sont définis comme étant au nombre de 6 (avec le Maitre Cœur) travaillant conjointement avec 6 viscères, nous sommes précisément dans des multiples ternaires. Enfin, il en va de même pour les fonctions de l’organisme aussi diverses que le système veille/sommeil, la température corporelle, la pression artérielle, la production d’hormones, la fréquence cardiaque, mais aussi les capacités cognitives, l’humeur, ou encore la mémoire qui sont régulées par le rythme circadien (de circa : « proche de » et diem : « un jour »), un cycle d’une durée de 24 heures, donc encore une fois basé sur multiple ternaire 3, 6, 12, 24. 


Lorsque j’ai rencontré Bernard, grâce à ma femme qui est praticienne de Shiatsu, et que je l’ai observé, il m’a frappé par son sens du rythme si présent dans sa pratique et son geste, et la présence du ternaire dans certains de ses mouvements et par conséquent sur l’importance que devrait avoir le rythme pour tout praticien de Shiatsu. C’est la raison pour laquelle j’ai composé la musique du film « La voie du Shiatsu » en respectant ce rythme ternaire.   


Comment le rythme pourrait cadencer les mouvements des mains et ainsi créer une connexion et rentrer en résonance avec le rythme du corps et donc celui de ses organes et de ses méridiens ? C’est cela que nous aimerions partager avec vous lors de ces enseignements partagés.


Etant moi-même musicien professionnel depuis 45 ans, batteur et compositeur, cette évidence sur l’omniprésence du rythme et son importance dans la vie m’a donné envie de partager mon savoir, non pas avec d’autres musiciens exclusivement, mais également avec des personnes de tous horizons (bienvenue à vous, praticiens de Shiatsu) afin de les reconnecter au battement du corps en leur faisant prendre de nouveau conscience que la mélodie de la vie ne peut exister sans le mouvement cadencé du rythme. 


 


Olivier Monteils animera avec Bernard Bouheret un atelier d'une journée entière sur « le rythme dans la pratique du shiatsu » lors de la prochaine Université d'été du Shiatsu qui aura lieu du 18 au 24 août.





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